11, place Bellecour

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0979 005 00116
technique 1 photographie numérique : couleur
description Inscription(s) sur l'image : "Albert Chambonnet / Pierre Chirat / Gilbert Dru / Léon Pfeiffer / René Bernard / 27 juillet 1944" (plaque mémorielle).
historique Place Bellecour, à l'angle de la rue Gasparin, un café-restaurant à l'enseigne du "Moulin à vent" recrutait sa clientèle essentiellement parmi les officiers allemands. Dans la nuit du 26 juillet 1944, deux résistants se glissèrent parmi les clients, dissimulèrent une bombe sur une étagère derrière une rangée de bottins, engin qui devait exploser dans la nuit, sans faire de victimes, mais qui occasionna d'importants dégâts matériels. Cette opération visait à faire la preuve de l'efficacité de la Résistance et à punir le propriétaire de l'établissement de sa sympathie pour les forces occupantes. Le lendemain, le 27 juillet vers midi, des soldats allemands armés de fusils et de mitraillettes envahissent le trottoir à l'avant du restaurant, bloquent la circulation par des barrières métalliques, immobilisent les quelques véhicules à proximité. Les passants réagissent différemment, certains s'attroupent, mus par la curiosité, d'autres s'éloignent vivement. Venant de la rue de la Barre, une traction grise freine brusquement, s'arrête face à la devanture éventrée du café. Cinq hommes sont brutalement éjectés du véhicule. L'un après l'autre, ils sont aussitôt mitraillés, quatre tombent sur le trottoir, le cinquième est fauché sur la bordure et gît, la tête dans le caniveau. De la foule monte une rumeur hostile à laquelle les soldats réagissent par des gestes menaçants qui font fuir quelques spectateurs, pris de panique devant la peur d'une rafle. Il n'y a pas eu de coup de grâce, l'un des massacrés s'agite encore. Une infirmière de passage qui veut lui porter secours est rudement repoussée par les sentinelles. Les corps restent exposés sous le soleil torride de cet après-midi d'été pour "l'édification" de la population et comme preuve de la force et du pouvoir des occupants, les policiers français ayant été empêchés de les soustraire à la vue des passants. Le résistant Grouès, qui se fera connaître plus tard sous l'identité de "l'abbé Pierre" évoquera cette tragédie en avril 1945 au cours d'une conférence : "Plusieurs heures, ils resteront, râlant sur le trottoir, sans qu'il soit permis à quiconque de s'approcher. Il faudra que le cardinal et le préfet, ayant appris la chose, fassent savoir à la Kommandantur qui, si les corps n'étaient pas relevés, ils iraient eux-mêmes, de leurs propres mains, les relever dans leurs voitures... Parmi ces quelques hommes, trois de mes amis : l'un, Francis Chirat, directeur régional de la JOC, un autre, Gilbert Dru, membre de cette équipe si courageuse des 'Cahiers de notre jeunesse' et Didier Chambonnet, auquel m'unissait une profonde amitié. De formation et de convictions totalement différentes, l'un et l'autre, que de nuits nous avons passées à causer des problèmes de l'absolu qui le hantait...".
note bibliographique Les plaques commémoratives racontent Lyon / Jean-Marc Mourier et Michel Morandet, 2017 [BM Lyon, 6900 Z0 MOU]. - Résistants à Lyon, Villeurbanne et aux alentours : 2824 engagements / Bruno Permezel, 2003 [BM Lyon, 6900 Z8.2 PER].

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